Pardon de la madone des motards
Cette année encore, celle qui nous rassemble ici à Porcaro, c’est la Vierge Marie, Notre Dame de l’Assomption, Madone des Motards.
Et vous êtes venus nombreux, pour vivre ce trente-neuvième pardon de la Madone des motards, pour vous mettre, avec vos motos, à l’unisson de cette fête de paroisse.
Vous savez, l’Assomption de la Vierge Marie est une très grande fête. Marie qui monte au ciel avec son corps et son âme. Elle monte au ciel et comme il s’agit de la Vierge Marie, qui a une place si particulière dans le cœur et dans le plan de Dieu, ça nous dépasse complètement.
Quand on vient la prier, quand on la suit, c’est parce qu’elle nous dépasse, mais que l’on sait que celui qui nous dépasse ou celle qui nous dépasse ne se trompe pas de route. Elle nous indique, et la bonne route et la bonne trajectoire.
Et c’est intéressant de voir comme ce n’est pas tant nous qui la suivons, mais elle qui nous rejoint et nous montre le chemin.
Vous avez peut-être rencontré des personnes qui sont étonnées ou surprises de ce que l’on puisse, en tant que motard et au titre de motard, se rassembler pour une fête religieuse. Parce que vue de loin, et par temps de brouillard, les points qui unissent le motard et la Sainte Vierge ne semblent pas si nombreux.
Vous avez bien écouté le texte de l’Evangile ? Cette belle prière que Marie fait en allant visiter sa cousine Elisabeth ? Une prière si belle, si importante, si expressive que l’Église entière, chaque soir, lors de l’office, la reprend. Ce texte du magnificat « mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur », c’est exactement dans ce texte là que l’on va trouver une multitude de point d’accroche entre l’exemple de la Vierge Marie et, ce qui dans notre vie de motard va nous permettre de la suivre sur le bonne trajectoire pour aller jusqu’au Christ.
Marie apprend, lors de l’Annonciation, que sa cousine Élisabeth est enceinte, alors qu’elle est déjà avancée en âge. Marie peut être préoccupée, le Seigneur lui a fait dire par l’Archange Michael « Voici que tu seras la mère de Dieu », mais elle n’écoute que son bon cœur. Elle part pour aller auprès de sa cousine Élisabeth l’assister dans sa grossesse. Et sur la route, elle pense au grand mystère qui est en train de se produire. L’Évangile nous dit « Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. ». Elle y va avec empressement ! elle n’hésite pas ! Déjà, on peut trouver un petit point commun - quand même - avec les motards.
C’est le premier point. Et ce n’est pas le moins important. Dans ce cheminement, qu’elle fait sans hésiter, elle se lance sur la route, dans la solitude, elle pense au fond de son cœur, elle réfléchit, elle médite comme nous nous pouvons le faire dans la solitude sous notre casque.
Le motard, quand il est seul sur son engin, peut aussi penser, méditer, prier. Il goûte le paysage, apprécie la route, et tout en pilotant, il pense à toutes sortes de choses. Un peu de solitude, même dans l’empressement, c’est bon, un peu de rencontre intérieure, et c’est là qu’on trouve aussi dans cet isolement, dans ce geste qui nous fait aller au plus profond de nous-mêmes, la présence de Dieu et l’inspiration du Saint Esprit.
Marie a médité, et la rencontre avec sa cousine va faire un débordement de joie.
Le deuxième point, c’est que de cette rencontre jaillit l’exemple même de la charité fraternelle
La Vierge Marie n’écoute que son bon cœur. Elle va aider sa cousine. Elle ne se contente pas de se réjouir de loin de cette grossesse qu’on ne pouvait presque plus espérer, elle cherche ce qu’elle va pouvoir offrir et elle trouve : sa présence et son aide.
Vous le savez, motards : l’esprit de charité, l’attention aux autres, c’est la marque de notre famille de motards. Vivons cet altruisme, soyons tournés vers les autres, pleins d’attention et de dévouement.
Le motard, s’il n’est pas attentif à son environnement, c’est un homme en danger. Tu dois toujours anticiper, chercher à savoir ce que va faire l’autre, imaginer que la voiture peut changer de direction et même parfois sans parfois t’avertir, que derrière le virage, il peut y avoir un chevreuil qui traverse la route ou un véhicule arrêté, tu peux te dire qu’à tout moment tu peux avoir une surprise devant, sur le côté, derrière même. Quand tu croises ton frère arrêté au bord de la route, tu t’arrêtes. Tu ne le connais pas, mais tu es aussi là pour lui…
Vous savez, je crois que cette nécessité du motard, d’être toujours attentif attention à tout ce qui se passe autour de lui générale, ce besoin vital de se préoccuper de tout ce qui pourrait arriver, ce n’est pas qu’un réflexe de pilotage.
Ça descend au cœur, et ça nous introduit ou ça nous conduit plus profondément dans l’attitude chrétienne la plus essentielle : l’amour et l’attention pour le prochain.
C’est le commandement nouveau « tu aimeras ton prochain comme toi-même »
On le sait, dans notre milieu motard, personne ne peut connaitre l’indifférence. Tant de balades se font pour de nobles causes ! tant d’attentions ! On a ça dans le sang, comme la poignée des gaz…
Alors chers frères motards, continuons à être solidaires. Mais, Chrétiens, développons la charité. Déployons-la, le monde en a besoin ! il a besoin de nous tous ! De se mettre à l’exemple de la Vierge Marie, qui quitte tout pour donner toute son attention à sa cousine âgé qui est enceinte et qui a besoin de son aide.
La prière nous dit ensuite que « Déployant la force de son bras, le Seigneur disperse les superbes, renverse les puissants de leurs trônes, élève les humbles. Il comble de biens les affamés, il renvoie les riches les mains vides. »
Dieu agit ! Marie montre combien le Seigneur fait de grandes choses, il ne se soucie pas des codes et du qu’en-dira-t-on. Le Seigneur n’est pas un légaliste qui se cantonne aux normes ou qui rentre simplement dans les codes humains pour passer inaperçu. Il bouleverse tout, il disperse les superbes, il renverse les puissants de leur trône, il élève les plus humbles. Le Seigneur ne s’arrête pas aux normes humaines.
(Et même, je vais vous faire une confidence, parfois, il s’en rit bien, des normes humaines. Vous savez, la Vierge Marie a été déclaré dans le livre de l’Apocalypse, dans la première lecture comme celle qui porte autour de la tête une couronne de douze étoiles, un étendard tellement important que les fondateurs de l’Europe ont voulu le reprendre comme drapeau de l’Europe, le fond bleu Marial et les douze étoiles de la Vierge Marie. Et quand parfois il y a des normes qui nous apparaissent un peu étrange, comme le fait d’agrandir notre plaque d’immatriculation au format XXL. Et bien là encore la Vierge Marie gagne, son drapeau est plus grand, on le verra mieux sur les radars. Tant mieux, la Madone des Motards n’est pas morte, elle vit, on l’a prouvé, on est là et on continuera à le montrer, à arborer ce drapeau on vous disant que vous avez la Sainte Vierge avec vous et rien n’interdit d’ailleurs de coller à l’intérieur des douze étoiles le tête même de la Sainte Vierge, ça c’est dans les normes)
Dieu, et Marie le montre, Dieu est audacieux !
Alors motards, développons le goût de l’aventure ! Osons aller de l’avant ! Il faut savoir piloter : la moto, ce n’est pas un tour de manège, qui nous fait faire des kilomètres sans rien faire avancer. Si tu pilotes avec passion et prudence, tu te construis ! Si tu oses franchir les kilomètres, que tu pars de chez toi, que tu quittes ton nid douillet, tu vas redonner de la vie et de l’audace dans le monde.
C’est exactement le sens de la résurrection que l’on a entendu dans la deuxième lecture « Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. ». À nous d’en prendre le relais, d’être des fils de Dieu, vivant.
Marie domine la mort, elle tient la lune sous ses pieds, (la lune c’est l’astre de la nuit, l’astre de la mort) elle est resplendissante dans le soleil (le soleil c’est l’astre de la vie). Marie domine la mort, elle porte la vie en elle, et elle nous fait entrer tout entier dedans.
Alors motards, choisissons la vie. Goûtons-là, rendons-la belle et pleine. Et comme chrétiens, valorisons la vie. Ne laissons jamais quiconque la déprécier pour quelque motif que ce soit… Ne mettons pas la nôtre en danger, mais faisons voir comme celle de chacun est belle, même abîmée, même bouleversée par les drames comme ça arrive malheureusement parfois, même écourté. Je pense notamment, à des frères motards qui sont venus ici en pensant au petit Théo, qui est mort très très jeune, au bout de quelques heures après sa naissance, et qui comprennent là, en venant prier pour lui en venant le confier à la Vierge Marie. Comme la vie même courte, même quand elle semble si peu de chose est belle et précieux aux yeux de Dieu et à nos yeux. Parce que dans chaque vie, il y a une dignité et de la place pour l’amour ! Son amour, l’amour de Dieu, s’étend d’âge en âge dans chacune de nos existences.
C’est chrétien, ça. Jésus nous dit « Je suis la vie », et notre monde crève à cause de l’enfermement, de manque d’air, d’immobilisme.
On n’est pas faits pour un monde stationnaire, il faut que le monde tourne pour qu’on tienne dessus : à nous d’enclencher, d’encourager, l’audace du mouvement.
La charité, ce n’est jamais de la charité de laboratoire, dans laquelle pour avoir la conscience tranquille, il suffirait de cliquer sur le site de son compte bancaire pour faire un petit virement mensuel pour les œuvres de charité et en être satisfait surtout quand on reçoit son reçu fiscal. C’est un moyen de la faire, il faut savoir le faire (l’aumônerie des motards peut donner des reçus fiscaux, d’ailleurs). Mais il faut s’engager bien plus que ça, en entier, avec son corps, son âme, avec tous ses sens.
Imaginez un motard qui ne bougerait pas son corps, ou qui ne penserait pas. Son espérance de vie est inférieure à un kilomètre !
Motards, soyons audacieux et aventuriers ! Et Chrétiens, soyons prophétiques ! Il s’agit d’annoncer, à temps et à contre-temps, cette bonne nouvelle du Royaume et cet amour infini de Dieu pour chacun d’entre nous.
Vous l’avez fait, ici, en venant à Porcaro. En soutenant la fête de Marie et la fête de cette paroisse. Beaucoup d’entre vous l’ont fait déjà l’an dernier, juste pour la messe parce que c’est ce qu’il y a de plus grand !
Et grâce à l’engagement courageux de beaucoup ! :
Grâce au travail colossal de centaines de bénévoles !
Nous sommes là ! Pour honorer Marie, parce que nous savons que Marie nous montre la meilleure route pour aller à Jésus et pour prendre à son exemple, des vrais cours de pilotage pour pouvoir goûter la vie, profite des bonnes trajectoires et finir auprès du Christ parce que nous l’aimons.
Que par Marie, chers Porcaréens, paroissiens de Porcaro, Chers motards, le Seigneur bénisse chacun d’entre nous, nos familles, nos malades. Qu’il bénisse les absents !
Bonne fête de la Madone !